
Le résultat récent d’une enquête menée par Nikkei auprès des principaux équipementiers de l’archipel montre que le nouveau tarif douanier US en vigueur depuis le 3 mai fera supporter des frais supplémentaires à près de 70% d’entre eux. Près de la moitié des entreprises interrogées compte répercuter la hausse des frais sur leurs prix.
Les conséquences inévitables.
L’administration Trump qui cherche à redynamiser l’industrie automobile américaine a décidé depuis le 3 avril de relever à 25% les droits de douane à l’importation des véhicules japonais et fera de même pour les pièces automobiles maîtresses.
Sur les 44 entreprises interrogées par le quotidien, 29 (70%) d’entre elles ont répondues que les nouveaux tarifs douaniers augmenteraient indéniablement les charges à l’exportation. 16 d’entre elles ont annoncé leur intention de les répercuter sur leurs prix de vente (dont 5 à court terme dans un délai allant d’un à six mois) , 13 ont répondu « sans réponse » ou « pas à l’ordre du jour ».
Les droits de douane américains à l’importation sont acquittés soit par la filiale US de ces entreprises, soit par leurs sociétés partenaires locales. Les équipementiers nippons qui ne répercutent pas la hausse des tarifs douaniers sur leurs prix de vente devront se résoudre à réduire leurs marges.
Si les prix de ventes des pièces détachées augmentent, le prix des véhicules augmentera ce qui diminuera le pouvoir d’achat des consommateurs et impacter les ventes. Certaines marques choisissent donc la prudence, c’est le cas notamment de Toyota qui a choisi de maintenir leurs prix afin d’éviter tout risque de mévente.
Délocalisation des usines.
Près de 7 entreprises parmi les 29 citées plus haut envisageraient de délocaliser leurs usines aux Etats-Unis à court ou à moyen terme afin d’éviter les droits de douanes punitifs.
C’est le cas de NHK Spring Co.,ltd , leader nippon des amortisseurs qui est revenu sur sa décision de réduire leur capacité de production aux USA et même y rapatrier une partie des pièces dont la fabrication avait été délocalisée ailleurs dans le monde.
Idem pour Koito Co., ltd fabricant des phares lumineux qui n’hésitera pas à augmenter leur production aux Etats-Unis aux dépens du Mexique où il est implanté actuellement, au gré des futures demandes de leurs clients.
Les usines des fabricants japonais implantées en Chine souffrent également de la guerre douanière sino-US. Ainsi à l’annonce de porter à 145% les droits de douanes sur les produits chinois à destination du marché étasunien, le fabricant d’amortisseurs Tein n’a pas hésité à relocaliser leur unité de production au Japon.
Selon les chiffres avancés par l’Association des Fabricants Japonais d’Automobiles, les Etats-Unis sont le 3e plus gros partenaire du Japon avec près de 1.37 millions de véhicules exportés soit près de 30% des exportations de voitures. Les marques japonaises emploient localement 5.58 millions de personnes tout métier confondu, soit un peu moins de 10% de l’ensemble des emplois du secteur automobile de l’archipel.
La guerre des tarifs douaniers risque de désindustrialiser le Japon au profit des Etats-Unis. Nissan a d’ores et déjà décidé de délocaliser la production d’une partie de ses voitures phares. Si les équipementiers font de même, alors ce sera un vrai coup dur pour l’économie locale.
Source (Nikkei) : 車部品メーカーの5割、トランプ関税で価格転嫁検討 日経調査