Les défaillances d’entreprises au plus bas niveau depuis 30 ans.
La plus vieille agence nippone de notation des entreprises Tokyo Shoko Research (TSR) a publié les chiffres sur les défaillances. En 2020 le Japon a enregistré 7773 dépôts de bilan soit 7.2% de moins que 2019. C’est aussi la première fois en trente ans que ce chiffre descend sous la barre de 8000. 792 cessations d’activité sont directement liées à la pandémie de Covid 19. Le montant total des dettes s’est élevé à 1208.4 milliards JPY (9.66 milliards EUR) , en diminution de 14.2 % par rapport à l’année précédente.
Sans surprise, le secteur des services lié au tourisme incluant l’hébergement, la restauration et le divertissement a été fortement impacté. Il a déploré 2596 faillites, une hausse consécutive sur cinq ans. La pêche, l’agriculture et l’industrie minière ont enregistré 109 sociétés liquidées (+ 26.7 %). Le secteur de la finance et des assurances a aussi enregistré 30 liquidations judiciaires (+25%) une première depuis quatre ans.
Toutefois, le confinement a fait chuter le nombre de faillites dans le commerce de détail et le commerce de gros avec 1054 (-14.3%) et 1065 (-6.8%) dépôts de bilan. La construction, l’industrie manufacturière, la logistique et les technologies d’information ont aussi constaté une baisse avec respectivement 1247 (-13.6%) , 915(-10.6%), 227 (-10.6%), 279 (-22%) faillites. Du jamais vu depuis deux ans.
Dans son éditorial, Nikkei revient sur la démission de M.MORI qui révèle le poids du clientélisme au Japon.
Il est étonnant que l’opinion publique s’intéresse à la démission de M.MORI . Il y a six ans déjà, le premier ministre de l’époque, M. ABE, était contraint d’affirmer que « les JO de Tokyo n’auraient pas la faveur de tous les citoyens si on ne met pas fin au dérapage budgétaire « . Rappelons aussi que le comité olympique japonais a dû retirer en catimini la première version de sa mascotte accusée de plagiat. M.MORI aurait dû partir à moment-là .
Une figure de notable
La relative clémence dont M.MORI avait bénéficié au cours de ces dernières années illustre combien son influence en tant qu’ancien ténor du PLD était grande dans le milieu des affaires. En effet, le millésime Tokyo aura battu le record de sponsoring de toute l’histoire moderne des jeux olympiques. Ce sera grâce aux contributions exclusives des entreprises nippones. En décentralisant les épreuves à la périphérie de Tokyo on a pu limiter les dépenses. Côté politique, M.MORI est à l’origine de plusieurs initiatives dont le monde sportif est aujourd’hui reconnaissant. Sans son réseau, le secrétariat au sport n’aurait pas pu voir le jour, ni les lois fondamentales sur le sport votées.
Ainsi, M.MORI était un notable dont personne dans le milieu des affaires ni de la politique n’avait remis en question son talent de coordinateur, encore moins sa légitimité.
Néanmoins, ses réalisations cachent une face sombre. De puissants acteurs de tout horizon, motivés par leurs intérêts ont rendu service entre eux, et ont décidé en toute connivence des sujets importants loin des tables de négociations officielles. M.MORI a orchestré en coulisse un clientélisme opaque, irrationnel et anti démocratique. Il a été un habile préparateur de terrain , une pratique trop longtemps considérée comme indispensable dans la conduite des affaires au Japon (némawashi).
Briser l’omerta
Le dérapage verbal de M. MORI est symptomatique de l’absence de débat dans les processus de décision. Aussi, il existe une omerta autour de cette culture de némawashi au Japon. Quel que soit le sexe de l’intervenant doit-on lui interdire de prendre la parole ouvertement lors des réunions ? Est-ce un mal d’avoir un débat animé ? Au Japon, une réunion n’a toujours été qu’une formalité pour valider ensemble ce qui a déjà été convenu en coulisse. Les participants n’ayant pas été impliqués dans les décisions informelles sont priés de rester silencieux par politesse durant la réunion. De facto une poignée de décideurs influents, eux-mêmes liés par des intérêts, finissent par imposer leur point de vue. Les autres, moins importants, sont exclus de ce processus et se tiennent à l’écart. A l’échelle d’un grand événement comme les JO les conséquences son grandes.
La présence des femmes dans le conseil d’administration ralentit la prise de décision (M.MORI ex président du comité olympique japonais)
Il suffit de regarder de près le business modèle décidé par le comité. Celui-ci prévoit avant tout de rentabiliser l’événement par des bénéfices commerciaux au détriment de la mise en place d’un modèle de développement durable. Or, pour nos générations futures, les JO auraient pu être l’occasion de faire de Tokyo une ville intelligente et durable en tenant compte des défis environnementaux d’aujourd’hui.
Les entreprises contraintes d’arrêter leurs activités et les salariés qui se trouvent en situation de chômage technique à la suite de la crise sanitaire (Covid-19) sont indemnisés en principe à travers les dispositifs suivants :
L’aide apportée aux entreprises par le gouvernement est appelée « aide au maintien dans l’emploi des salariés » (雇用調整助成金 koyo chosei joseikin) . Le ministère de la santé, du travail et des affaires sociales (厚生労働省Kosei rodosho) prend en charge une partie des indemnités de chômage technique (休業手当 kyugyo teaté) ou des salaires en fonction de la taille des entreprises et des conditions définies.
Les employeurs ont l’obligation d’indemniser les employés en cas de chômage technique par le versement d’une indemnité. L’article 26 du code du travail japonais ( 労働基準法26条rodokijunho ) oblige les employeurs à indemniser les salariés, « lorsque les activités sont arrêtées pour des raisons imputables à l’employeur ». Le montant de ces indemnités de chômage technique (休業手当 kyugyo teaté) s’élève à 60% du salaire.
Koseirodo sho propose aussi le versement d’une allocation spéciale aux salariés qui se trouvent en situation de chômage post Covid-19(新型コロナウイルス感染症対応休業支援金・給付金). Les salariés en difficulté y ont recours lorsqu’ils n’ont pas pu obtenir le versement des indemnités de chômage technique citées au point 2, par leurs employeurs.
Il est rapporté que les employeurs ayant des difficultés de trésorerie (patrons des PME) peuvent refuser le paiement du chômage technique (休業手当 kyugyo teaté) aux employés pour deux raisons :
*Leur demande d’aides gouvernementales est en attente d’approbation par les autorités. L’examen du dossier n’a pas encore abouti.
*Ils estiment qu’ils ne sont pas responsables des difficultés de leur entreprise puisque la crise sanitaire fait partie des cas de force majeure au même titre les catastrophes naturelles.
En revanche, les grandes entreprises semblent systématiquement avoir recours aux deux dispositifs 1) et 2 ), de façon à être le plus transparent possible vis-à-vis des salariés.
Voici donc les caractéristiques pour les 3 dispositifs.
Dispositif d’aide aux entreprises : L’aide au maintien dans l’emploi des salariés (雇用調整助成金 koyo chosei joseikin)
L’aide au maintien dans l’emploi des salariés est un dispositif gouvernemental exceptionnel mis en place du 14/02/2020 au 30/09/2020 (information à la date du 31/08).
Ce sont les employeurs qui déposent la demande au ministère japonais de la santé, du travail et des affaires sociales (厚生労働省 Koseirodo sho).
Après dépôt, c’est le bureau du travail (労働局rodokyoku) qui procède à l’examen du dossier avant de donner son accord ou son refus.
Les barèmes de remboursement par l’Etat est le suivant :
Pour les grandes entreprises :
2/3 des indemnités payées aux salariés dans la limite des 15000 JPY/jour seront remboursés s’il y a eu licenciement.
3/4 des indemnités payées aux salariés dans la limite des 15000 JPY/jour seront remboursées s’il n’y a pas eu de licenciement
Pour les PME(*) :
4/5 des indemnités payées aux salariés dans la limite des 15000 JPY/jour seront remboursées s’il y eu licenciement.
100% des indemnités payées aux salariés dans la limite des 15000 JPY/jour seront remboursées s’il n’y a pas eu de licenciement.
C’est donc un dispositif destiné d’abord à sauver les PME.
(*)définitions des PME et TPE au Japon :
Commerce de détail : sociétés au capital de moins de 50 millions JPY , effectifs de moins de 50 (pour les TPE moins de 5).
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