Les règles de licenciement au Japon

Les règles de licenciement au Japon

Les salariés étrangers, novices ou pas, auront sans doute le plus grand mal à trouver les textes de références sur les règles de licenciement au Japon.

Le marasme économique et le manque de main d’œuvre aidant, les entreprises « voyous »   ( ブラック企業 burakkukigyo) sont encore nombreuses à avoir recours au management discutable faisant fi des lois qui protègent les salariés. Toutefois, chose méconnue, au Japon le licenciement est aussi strictement encadré qu’en France.

Voici donc les règles de base du licenciement selon les lois japonaises.

A qui s’appliquent les règles de licenciement ?

Le licenciement est défini à l’article 16 des lois sur les contrats de travail (労働契約法16条 rodo keiyakuho) qui est le texte de référence dans le droit du travail nippon. (voir plus bas).

Ces règles de base de licenciement s’appliquent en principe à tous les employés (従業員jugyoin) quel que soit le  type de contrat de travail :

-Contrat d’emploi régulier  (正社員 seishain, l’équivalent du CDI)  

-Contrat  temporaire ou irrégulier (非正規社員 hiseikishain, similaire au CDD ou intérimaire)  

En revanche, les dirigeants (代表取締役 daihyo torishimariyaku) , les directeurs (取締役toshimariyaku) , membres de conseil d’administration (役員 yakuin) , ne sont pas concernés par le droit du travail. Leur statut est défini par le code civil japonais  (民法 minpo)  et le droit des sociétés (会社法 kaishaho).

L’article 16 des lois sur les contrats de travail 労働契約法16条

Il s’agit d’un article de référence sur lequel les autorités, les spécialistes et les avocats vont s’appuyer pour juger la validité d’un licenciement en cas de conflit:

Article 16 des lois sur les contrats de travail (労働契約法16条 rodo keiyakuho ): le licenciement (解雇 kaiko

解雇は客観的な理由を欠き、社会通念上相当であると認められない場合は、その権利を濫用したものとして、無効とする

article 16 lois sur les contrats de travail (労働契約法16条 rodo keiyakuho)

(Un licenciement est considéré nul s’il ne présente pas objectivement de raisons valables ou s’il n’est pas jugé socialement acceptable.  Tout licenciement sans raisons objectives sera considéré comme abusif.)

En clair, pour la justice japonaise un licenciement est fondé s’il répond à l’un des critères suivants.

Les raisons qui incombent au comportement de l’employé

Le non-respect du règlement intérieur (就労規則 shuro kisoku )ou autres règles de l’entreprise (社内規則 shanai kisoku)que l’employé a eu connaissance au moment de l’embauche. Les fautes et les sanctions sont définies par le règlement intérieur. En d’autres termes, l’employeur devra prouver que le salarié est fautifs au regard du règlement intérieur.

La performance insuffisante du salarié. Par exemple, un commercial qui n’atteindrait pas ses objectifs de ventes (成績不良  seisekifuryo). Dans ce cas-ci il faudrait réunir les preuves chiffrées.

Les difficultés de l’entreprise

Un ralentissement sérieux de l’activité de l’entreprise ou une accumulation de mauvais résultats sur plusieurs périodes consécutives qui justifient un « licenciement pour ajustement d’effectifs » (整理解雇 seirikaiko).

Toutefois, la loi encadre strictement le recours à cette forme de licenciement pour éviter tout abus comme le licenciement préventif.

En effet il faut que l’employeur puisse prouver , la nécessité économique d’un tel choix, qu’il a tout fait qui était en son pouvoir pour éviter ce choix, qu’il a disposé d’un délai raisonnable pour informer les salariés concernés, puis de justifier des critères retenus pour l’ensemble du personnel concerné(âge, ancienneté, performances, les absences etc.).

Contrairement en France, l’employeur n’est pas tenu de faire l’effort de reclasser les salariés licenciés ni de leur proposer des formations professionnelles avec l’aide des organismes spécifiques.

Licenciement durant l’arrêt de travail (maladie , congé maternité, accident de travail)

L’article 19-1 du code de travail japonais (労働基準法19-1条 rodokijun ho)  interdit le licenciement d’un employé ou d’une employée en arrêt maladie ou en congé maternité. Cette interdiction s’étend jusqu’à trente jours suivant la reprise du poste, sauf si l’employeur concède au paiement des indemnités d’accident de travail ou en cas d’arrêt d’activité de l’entreprise en raison de catastrophes naturelles.

Par ailleurs, l’employeur contrevenant à l’article 19-1  risque jusqu’ à 6 mois de condamnation et une amende d’un montant maximum de 300 000 JPY (article 119 労働基準法119条 rodokijun ho) .

Délai de préavis  en cas de licenciement

L’article 20 de code du travail(労働基準法20条 rodokijun ho) définit que le salarié licencié  doit être prévenu au minimum 30 jours avant la rupture de contrat. L’employeur peut  raccourcir ce délai en payant  une indemnité de préavis (予告手当 yokoku teaté) au prorata des jours imposés par le préavis ne dépassant pas 30 jours.

En clair, un employeur pressé de se séparer d’un employé peut payer une indemnité de préavis selon les calculs suivants :  

*Respect de 30 jours de préavis : le salarié est licencié à la fin des 30 jours

*Paiement d’une somme supérieure à 30 jours de salaire : le salarié est  licencié le lendemain.

*Paiement d’une somme supérieure à 15 jours de salaire : le salarié est  licencié au 16e jours.

Le délai de préavis peut donc être raccourci autant de jours que le l’employeur décide de payer sous forme d’ indemnité de préavis.

Attention : l’employeur n’est pas tenu de respecter le délai de préavis pour les catégories de salariés suivants :  les salariés en période d’essai (試用期間 shiyo kikan) ayant travaillé moins de 14 jours , les salariés en contrat saisonnier  ne dépassant pas 4 mois de travail, les salariés en contrats courts dit  d’« extra »de moins de 2 mois travaillant en qualité de renfort  (臨時社員 rinjishain ).  (article 21 du code de travail japonais 労働基準法21条 rodokijunho

Enfin, l’employeur n’est pas non plus tenu de respecter le délai de préavis de licenciement si le salarié a commis des fautes, ou si l’entreprise est contrainte d’arrêter ses activités suite à des catastrophes naturelles.

Par ailleurs, l’employeur contrevenant à l’article 20  risque jusqu’ à 6 mois de condamnation et une amende d’un montant maximum de 300 000 JPY (article 119 du code de travail japonais 労働基準法 119) .

En cas de doute sur les agissements des employeurs sur ce sujet , il ne faut surtout pas hésiter de leur rappeler ces articles.

Avez-vous des problèmes ou des litiges avec votre employeur au Japon ? Voulez-vous un conseil ou une expertise sur votre cas ?  N’hésitez pas à me contacter (devis gratuit) .

Des pertes trimestrielles record liées à la pandémie de Covid-19.

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quartier de Ginza à Tokyo

Les résultats  trimestriels (avril à juin 2020)  des grandes entreprises japonaises sont tombés.  Celles-ci ont enregistré des pertes trimestrielles record liées à la pandémie de Covid-19. Or,  les pertes dépassent de loin la crise des subprimes. Sans surprise, au plus haut de la crise sanitaire, le transport aérien et ferroviaire, le loisir puis l’industrie aéronautique et automobile ont plongé dans le rouge.  Voici quelques résultats des entreprises les plus représentatives et l’analyse de leur situation durant la période du confinement.

EntreprisesChiffre d’affaires
(milliards EUR)
Évolution du CA sur un anRésultats d’exploitation
2020

Résultats d’exploitation 2019

Résultats après impôts 2020


Résultats après impôts 2019
MITSUBISHI HEAVY INDUSTRIES6.22 EUR -15%
-0.57 EUR
0.32 EUR-0.48 EUR 0.13 EUR
JAPAN AIRLINES0.61 EUR-78%-1.04 EUR0.15 EUR-0.74 EUR 0.10 EUR
ALL NIPPON AIRWAYS0.97EUR-76%-1.27 EUR0.12 EUR-0.87 EUR 0.91 EUR
TOKYO DISNEY RESORT0.05 EUR-95%-0.12 EUR0.25 EUR-0.19 EUR 0.18 EUR
JR EAST2.66 EUR-55%-0.14 EUR1.15 EUR-1.24 EUR 0.73 EUR
HONDA16.9 EUR-47%-0.90 EUR2.01 EUR-0.64 EUR1.37 EUR
TOYOTA36.8 EUR-40%
0.11EUR (-98%)
N/A

1.2 EUR
(-74%)
N/A
Tableau comparatif des résultats du deuxième trimestre 2020 et 2019 et leur évolution en milliards EUR (1EUR=125JPY) .

Les incertitudes règnent jusqu’en mars 2021

MITSUBISHI HEAVY INDUSTRIES a subi de plein fouet les conséquences de la pandémie de Covid-19. La baisse de commandes dans la branche aviation et celle des équipements automobiles a fait plomber les résultats du deuxième trimestre. Respectivement, leur bénéfice a chuté de 50% et 30%. En cause, leur principal client Boeing a drastiquement réduit leurs commandes. Il s’agit pour le groupe de la plus grosse perte trimestriel depuis 2005.

La chute du trafic aérien a contraint JAPAN AIRLINES à mettre en place un plan d’économie des frais fixes.  En effet, une partie des  salaires et traitements  ont été gelés (primes et diverses indemnités du personnel naviguant) puis les dépenses publicitaires réduites. Le tout combiné avec la réduction des frais fluctuants (kérosène et taux de change) due à la baisse du trafic, le groupe a réussi à économiser 1 milliards EUR (125 milliards JPY) depuis avril. Il projette d’économiser 720 millions EUR (90 milliards JPY)  supplémentaires d’ici à la fin de l’année. Enfin, les investissements en équipements seront réduits de 640 millions EUR (80 milliards JPY) pour cette année .  

Selon Hideki KIKUYAMA membre exécutif du conseil d’administration, les résultats de la compagnie nationale nippone ne seront pas dans le vert avant mars 2021. Il faudrait aussi que les vols internationaux et domestiques se rétablissent jusqu’à respectivement 50% et 80% des capacités habituelles au premier trimestre de l’an prochain.

Les patrons se prononcent très peu sur les perspectives d’avenir

ALL NIPPON AIRWAYS a subi la plus grosse perte depuis 2004. Pour preuve, les vols internationaux et domestiques ont diminué de 96 % et 88% respectivement. Toutefois, la situation est plus inquiétante que son concurrent JAL car la compagnie privée manque actuellement de trésorerie. Celle-ci était déficitaire sur deux trimestres consécutifs pour un montant total  de 1.08 milliards EUR (135.3 milliards JPY).  Pour limiter les dégâts, la compagnie retirera les vieux appareils de sa flotte. Elle rapatriera l’activité de maintenance des avions actuellement sous- traitée.

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Ces lois japonaises méconnues qui sont de véritables obstacles à l’innovation

ces lois japonaises méconnues qui sont de véritables obstacles à l'innovation
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Au moment où la crise sanitaire impose partout dans le monde de nouvelles normes, les entreprises doivent réagir vite. Or, les Japonais peinent à avancer. En cause, les réglementations  inadaptées qui freinent leur élan.  Tour d’horizon de ces  lois japonaises méconnues qui sont de véritables obstacles à l’innovation.

Application de covoiturage, un chemin de croix

Le fondateur d’Azit, première startup japonaise  à proposer depuis 2013 une application de covoiturage aux particuliers, est aujourd’hui dans l’amertume. Hiromasa YOSHIKANE a dû se résigner à suspendre temporairement ses services. En cause,  la pression du ministère des transports qui vient de lui rappeler le caractère potentiellement illégal de ses activités au regard des lois sur la lutte contre les taxis clandestins. De plus, les deux mois de confinement ont été comme un coup de grâce pour l’entreprise déjà  en difficulté. Son application CREW n’a pourtant pas cessé définitivement. 

 Sept ans plus tôt, YOSHIKANE avait cru trouver un business model viable. Il a  habilement contourné les réglementations japonaises parmi les plus draconiennes au monde. En effet, si elles interdisent les chauffeurs (les particuliers)  à être rémunérés par les passagers au risque d’être punis pour exercice illicite de taxi, elles ne disent rien sur les autres formes de paiements aux dénominations diverses. 

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