Le commerce en ligne véritable frein à l’inflation

La BOJ (Banque du Japon) est contrariée par la faible montée des prix.  Elle avait parié sur l’augmentation des salaires qui aurait pu soutenir la consommation et la montée des prix mais ceux-ci n’ont que peu bougé depuis le début de l’année.  La baisse des dépenses des ménages n’est pas la seule explication à ce phénomène.  En réalité, il faudrait voir de près l’essor du commerce en ligne, l’augmentation des travailleurs étrangers et l’ensemble des efforts faits pour économiser la main d’œuvre qui tirent les prix et des salaires vers le bas.

Le site de comparaison des prix KAKAKU.COM recense pas moins d’1 million d’articles et met à jour leur prix en quasi-temps réel. Certaines entreprises comme d-rise  qui y vend des produits électroménagers, ont mis à point un logiciel capable de mettre à jour ses prix qui soient constamment moins cher d’1 yen par rapport à ses concurrents et qui s’ajuste automatiquement à la moindre fluctuation. Le directeur marketing M.MIYAKAWA Yusuke affirme sans complexe que «le plus important est la compétitivité des prix ».

Le réseau social LINE s’engouffre lui aussi dans le créneau des comparateurs de prix en lançant dès l’automne une application qui compare les prix entre les boutiques physiques et les sites de commerce en ligne. Il n’est plus rare que les produits promotionnels en fin de séries soient moins chers en boutique que sur les sites de vente en ligne en raison de la hausse des frais de livraison. La frontière entre le commerce réel et digital étant de plus en plus flou, la concurrence des prix s’intensifie.

Aux Etats-Unis ce phénomène s’appelle « l’effet Amazon » : les sites internet ont pour effet de baisser les prix. Selon la BOJ, les prix sur internet sont en moyenne 13% moins chers que dans les boutiques réelles. Leur effet sur l’évolution générale des prix est de -0.2% hors produits pétroliers et produits frais.

 Bien que l’indice des prix à la consommation eusse augmenté de 0.8% hors produits frais et de 1.8% pour les produits de bien durable, soit proche de l’objectif des 2% d’inflation, celle-ci n’a tout de même été que de 1% sur le seul mois de février et n’a pas progressé depuis en raison de la baisse des prix de biens durables vendus majoritairement en ligne.

L’économie de partage, responsable potentiel de la baisse des prix.

Le prix des chambres du géant de la chaîne hôtelière APAHOTEL ne cesse de baisser.   Environ 3 ans plus tôt, une nuit dans cet hôtel pouvait dépasser 30 000JPY (env 232 EUR), mais aujourd’hui elle affiche 7000JPY (env 54 EUR) selon les périodes.  Et le président du groupe, M.MOTOYA Toshio, de conclure « le prix pratiqué il y a 3 ans n’est plus qu’un rêve ».

Selon le ministère de l’intérieur et de communication le prix des chambres d’hôtel a baissé de 3% en un an dû notamment à la concurrence des sites internet de location des meublés touristiques. 

 L’économie de partage fait aussi son entrée dans le secteur de la mode. L’entreprise TEXAS TECHNOLOGIES, propose près de 60 marques de sacs haut de gammes auprès des abonnés de leur site internet qui partageront leur utilisation moyennant un abonnement mensuel de 7000JPY (env 54 EUR). Le prix moyen des sacs est de 300 000 JPY (env 2325 EUR) mais les utilisateurs n’ont plus besoin de les acheter si ce n’est que de les emprunter occasionnellement.  Le site a dépassé 25000 abonnés depuis son lancement. M.KODAMA Shoji, le président de l’entreprise, vante l’attrait principal de son service qui permet « d’utiliser les produits de luxe à petit prix ». L’économie de partage optimise ainsi l’exploitation des patrimoines tout en stimulant les besoins.

L’effet de la mondialisation et l’économie de partage sur les prix sont « à la fois structurels et hors de contrôle des banques centrales », selon les paroles de Mario DRAGHI gouverneur de la banque centrale européenne, prononcées lors du conseil des gouverneurs des banques centrales réuni le 20 juin en Portugal.  Il poursuit que « l’assouplissement de la politique monétaire n’aura pas d’impact si les salaires et les prix peinent à progresser ». Lors du conseil, KURODA Toshihiko, président de la BOJ a exprimé sincèrement les difficultés actuelles. La BOJ examinera de près l’évolution des prix avant d’adopter définitivement sa politique monétaire lors du conseil prévu les 30 et 31 juillet.

(Source NIKKEI 23/07/2018 ネット通販にシェアが追い打ち 上がらぬ物価を探る)